Les constructeurs automobiles mettent sur le marché des voitures de plus en plus connectées et de plus en plus autonomes. Pour faire évoluer leurs modèles, ils sont confrontés à la problématique de « l’empilement »: une superposition de couches logicielles et matérielles, qui allonge considérablement les temps de développement, alourdit les coûts… et peut créer des vulnérabilités impactant la fiabilité des systèmes.
Deux options s’ouvrent alors à eux : faire table rase de l’existant et repartir d’une feuille blanche – c’est le choix de Tesla par exemple – ou trouver une solution pour agréger l’ensemble des fonctionnalités du véhicule, anciennes comme nouvelles, et les coordonner de manière fluide.
C’est cette seconde voie qu’a choisie la startup Alkalee, créée en 2020 à la suite d’une collaboration particulièrement fructueuse entre le CEA et l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. En s’appuyant sur les expertises développées par le CEA-List pour concevoir une architecture électrique et électronique de rupture, Alkalee a développé une offre basée sur deux produits : Euphilia, logiciel de spécification, conception et intégration d’applications logicielles dans le véhicule et Receef, plateforme embarquée de coordination et de supervision des communications entre les composants logiciels.
Si l’on compare une voiture à un store d’applications, explique Laurent Le Garff, co-fondateur et COO d’Alkalee, chaque constructeur aimerait disposer de son propre store. Il pourrait ainsi assembler librement toutes les briques pour faire évoluer ses véhicules. C’est ce que nous lui proposons. En amont, nous vérifions que les fonctionnalités sont bien compatibles entre elles. Et en aval, nous nous assurons que tout fonctionne comme prévu grâce à des solutions de supervision de la plateforme embarquée.
Pour préparer la prochaine génération de véhicules et les défis d’intégration associés, Alkalee et le CEA-List ont décidé de renforcer leur coopération en créant un laboratoire commun axé sur la confiance des systèmes embarqués et sur l’interopérabilité des outils d’Alkalee avec les standards du domaine automobile. Celui-ci s’appuie, entre autres, sur l’expertise du CEA-List en méthodes formelles. « Nous générons des preuves mathématiques avant même d’implémenter une nouvelle fonction, explique Magaly Gouttebroze, responsable de partenariats industriels au CEA-List. Un moniteur est ensuite embarqué pour vérifier que tout se déroule conformément à la modélisation théorique. Les constructeurs gagnent du temps : l’ajout d’une fonctionnalité peut désormais se faire en quelques semaines, contre quelques mois jusqu’alors, et en toute sécurité. »
Parmi les premiers clients d’Alkalee intéressés par ces travaux : Renault et Faurecia. L’ensemble des fournisseurs automobiles sont concernés également, dans une optique de standardisation et d’inter-opérabilité. A très court terme, d’autres industries pourraient adopter la solution, dans le transport de passagers, le fret ou la défense notamment.
Pour en savoir plus sur Alkalee : https://www.alkalee.fr/