Partager

Vers des protocoles blockchain plus économes en énergie

©geralt (Pixabay)

Le CEA-List est un acteur pionnier de la recherche sur la technologie blockchain. Les protocoles proof of stake se trouvent aujourd’hui au centre de ses préoccupations. Objectif : garantir la fiabilité de ces protocoles moins énergivores. Cette expertise s’adapte ainsi aux enjeux applicatifs des partenaires industriels du CEA-List, soucieux de diminuer leur empreinte environnementale.

En particulier au coeur des cryptomonnaies comme Bitcoin et Ethereum, les blockchains permettent à des utilisateurs de maintenir collectivement un historique de transactions ou de contrats de manière décentralisée, autrement dit sans le contrôle d’une autorité centrale. Les transactions sont organisées par groupes successifs, appelés « blocs », chacun devant être validé par une partie des utilisateurs appelés validateurs. Pour cela, il existe plusieurs protocoles.

Les protocoles proof of stake : allier fiabilité et faible coût énergétique

Le protocole de validation historique utilisé par Bitcoin est dit Proof of Work (ou PoW, pour « preuve de travail »). La validation d’un bloc est associée à un problème mathématique aléatoire coûteux qui nécessite le déploiement d’une grande capacité de calcul. Pour y répondre, les validateurs doivent investir de l’énergie et du matériel de calcul informatique. Cet investissement est ensuite récompensé en retour par l’octroi d’une quantité préétablie de la cryptomonnaie associée à la blockchain (appelée actif).

Le Proof of Work consomme toutefois beaucoup d’énergie. Il pose donc des enjeux environnementaux importants. Les protocoles Proof of Stake (ou PoS, pour « preuve d’enjeu ») offrent une réponse à ce problème car les validateurs investissent directement l’actif de la blockchain et non de l’énergie. Cette « mise en jeu » des actifs a un faible coût énergétique. Si un acteur minoritaire tente de valider des transactions frauduleuses dans la blockchain, il perd ses actifs mis en jeu, ce qui pénalise la fraude et récompense la bonne validation.

Les protocoles Proof of Stake sont toutefois plus sensibles à la manipulation. Afin de développer des blockchains peu énergivores et fiables, le CEA-List travaille à la détection des vulnérabilités des protocoles existants, ainsi qu’à l’élaboration de nouveaux protocoles sécurisés, en collaboration avec des partenaires académiques et industriels.

Formalisation et détection des vulnérabilités des protocoles blockchain

Depuis 2018, le CEA-List a travaillé à l’étude théorique des protocoles PoS et à la détection de vulnérabilités dans des implémentations préexistantes des technologies blockchain. Les travaux de ses chercheurs ont ainsi amené à la correction de failles critiques de sécurité :

  • après analyse du protocole Tendermint, utilisé entre autres pour la cryptomonnaie Cosmos, les chercheurs ont fourni une description théorique précise de ce protocole qui a permis de démontrer que l’algorithme ne récompensait pas les acteurs de manière proportionnelle à l’enjeu déposé. Ces travaux ont abouti à une collaboration entre l’entreprise Tendermint (maintenant Ignite) et le CEA-List, et à la mise en opération des corrections proposées sur la blockchain.
  • l’équipe a également détecté des vulnérabilités théoriques dans la blockchain Ethereum, utilisée notamment pour la cryptomonnaie éponyme, capitalisée à 250 milliards d’euros en décembre 2023. Ces travaux ont fait l’objet de plusieurs publications, dont une intitulée « Byzantine Attacks Exploiting Penalties in Ethereum PoS » dans la conférence internationale majeure « Dependable Systems and Networks », en 2024.

Le CEA-List applique la technologie blockchain à la traçabilité des contributions en intelligence artificielle

Le projet Fantastyc associe les chercheurs du CEA-List en systèmes distribués de confiance aux spécialistes de l’intelligence artificielle ou de la cryptographie.

Ce projet innove en proposant la première application de la technologie blockchain au service d’un apprentissage fédéré de confiance. L’apprentissage fédéré permet à plusieurs acteurs d’entraîner une intelligence artificielle en mutualisant leurs contributions, tout en maintenant la confidentialité de leurs données. La blockchain fait de l’apprentissage fédéré un apprentissage de confiance en permettant de stocker de manière décentralisée les contributions. Tous les participants ont désormais la possibilité de s’assurer de la fiabilité des contributions fournies par leurs collaborateurs. Cette approche garantit également une meilleure traçabilité des acteurs malveillants en cas d’audit.

Fantastyc, un projet innovant

Fantastyc permet de décourager la fraude en assurant une parfaite traçabilité en cas d'audit.

Sara Tucci

— CEA-List

Une adaptation des protocoles aux enjeux industriels

En collaboration avec des partenaires académiques et industriels, le CEA-List a participé au développement de nombreuses variantes du protocole Tendermint. Celles-ci améliorent la résistance aux menaces telles que les instabilités de réseau ou les tentatives de fraude. Deux exemples notables :

  • En 2019, Nomadic Labs a fait appel aux chercheurs du CEA-List pour mettre en opération sur Tezos, blockchain française, une version du protocole Tendermint adaptée à un réseau de communication instable. En effet, l’algorithme développé par le CEA-List est résistant aux pertes de connexion internet et aux erreurs de synchronisation.
  • En 2021, le CEA-List a également collaboré avec Clearmatics, pour développer Autonity, blockchain pour les marchés financiers. Des algorithmes nouveaux permettent de détecter les comportements inhabituels d’utilisateurs qui voudraient s’associer pour falsifier des transactions.

Dans les deux cas, les innovations et contributions du CEA-List ont été mises en service dans ces blockchain.

À lire également

Avancées technologiques

06 juillet 2022 | Blockchain : faciliter l’interopérabilité grâce à un système de communication décentralisé

Pour accélérer leur développement, les blockchains se doivent de mieux communiquer entre elles. Toposware, startup spécialisée dans ce domaine, a noué un partenariat avec le CEA-List en vue de d...
Lire la suite
Environnements de développement logiciel

MAX

Expérimenter et optimiser des applications de blockchain avec un simulateur à base d’agents.
Lire la suite
Domaines applicatifs

Économiser les ressources tout au long du cycle de vie d’un produit

L’usine du futur doit avoir un impact minimal sur l’environnement. Les technologies numériques peuvent créer pour cela des cercles vertueux.
Lire la suite