Favoriser la compétitivité des entreprises, utiliser les technologies pour créer des outils innovants et accélérer le transfert de technologies auprès des industriels, telles sont les ambitions de la direction de la recherche technologique du CEA. Acteur majeur de la recherche, au service de l’État, de l’économie et des citoyens, le CEA place les projets de collaboration au cœur de sa mission. « Par le biais du développement de plateformes en régions nous offrons aux PME l’arsenal technologique nécessaire pour innover au cœur des territoires. Nous tissons par ailleurs des liens forts avec les autres entités de recherche et sensibilisons les entreprises locales à notre travail. C’est de cette façon que nous avons rencontré Log’S en 2018, figure de la logistique dans les Hauts-de-France », introduit Boris Dartiguepeyrou, responsable technique au sein de l’équipe CEA Tech Hauts-de-France.
Ensemble, ils se projettent sur un nouveau sujet pour le logisticien, déjà mature au sein du CEA : le jumeau numérique. Ils lancent en 2019 le projet Digilogs. « Le CEA-List nous a présenté les différentes briques technologiques sur lesquelles ils possédaient des compétences : analyse de données massives, capteurs embarqués, blockchain, jumeau numérique… La logistique est un secteur où l’on est très ‘terre-à-terre’, mais notre métier évolue considérablement. Très vite, nous avons perçu l’intérêt de travailler ensemble sur le jumeau numérique, afin d’anticiper les bouleversements de notre secteur », détaille Valentin Vola, responsable du Service Innovation chez Log’S.
Mais qu’est-ce qu’un jumeau numérique ? Il s’agit d’une modélisation numérique d’un système, qu’il soit physique ou financier. Le jumeau numérique teste des scénarios, des hypothèses pour une prise de décision plus éclairée et rationnelle. Il permet ainsi de mesurer l’impact d’une décision avant même sa mise en place et s’adapte aux spécificités de chaque entreprise, alimenté par de la data directement issu du terrain. « Il s’agit d’une des grandes tendances de la 4e révolution industrielle », assure Boris Dartiguepeyrou. Chez Log’S, l’intérêt d’une telle technologie a immédiatement interpellé Valentin Vola. « Aujourd’hui, il n’existe pas d’outil permettant de modéliser, simuler, anticiper et tester les impacts sur le stock ou le taux de service par exemple. Avec un jumeau numérique, nous pouvons le faire de façon virtuelle. Cela permet finalement de réaliser des tests sans prendre de risques et à moindre cout : changer l’emplacement d’un produit, modifier le process d’un flux, avoir des quais de chargement supplémentaire dans un entrepôt… Tout est envisageable ! Cette approche d’expérimentation et d’optimisation mathématique aura le mérite de pouvoir rassurer nos clients sur notre capacité à dimensionner les moyens humains et matériels et à le faire de façon optimale, dans un principe de réalité économique. Nous ne recherchons pas la meilleure solution dans l’absolu mais la meilleure selon les hypothèses et les besoins de nos clients », développe le responsable Innovation.
« Digilogs nous a conforté dans l’idée de développer un démonstrateur de grande envergure afin que les industriels puissent se projeter », poursuit Boris Dartiguepeyrou. L’idée ? Concevoir des jumeaux numériques génériques répondant tout naturellement à des problématiques globales. Concrètement, il s’agit de développer une brique logicielle et des interfaces innovantes pour mettre en œuvre le jumeau numérique sur des cas génériques et s’inspirer de problématiques réelles. Portés par 6 partenaires industriels, le projet baptisé SONARIS réunit une vingtaine de personnes depuis le début 2020, pour un budget de deux millions d’euros. « Il était important de faire participer chacune des parties prenantes, de remonter et comprendre leurs problématiques métiers afin d’en faire des cas communs et de susciter l’envie de mener des projets de recherche associés », souligne le responsable technique au sein de CEA Tech Hauts-de-France. « Lorsque Boris nous a parlé de SONARIS, Log’S n’a pas hésité une seconde à devenir partenaire. Nous remontons au CEA tous nos problèmes ! Cela se traduit par huit mois d’échanges hebdomadaires ainsi que des ateliers avec les autres partenaires », témoigne Valentin Vola.
Actuellement, une équipe de génie logiciel gère la modélisation de jumeaux numériques génériques, développés autour de trois axes : l’activité portuaire ; l’entreposage ainsi que la massification des flux. Chacune de ces thématiques fera l’objet d’un développement spécifique via des objets de modélisation et des interfaces adaptées. « Il s’agit d’un projet ambitieux, débuté en 2020 et qui se terminera en 2022. C’est un pari engageant mais qui nous permet de trouver des solutions collaboratives et porteuses pour le développement de la Supply Chain, et d’anticiper les nouveaux besoins de nos clients tout en gagnant en efficience dans nos process », conclut Valentin Vola.