Au-delà de ses usages dans l’écosystème industriel, l’intelligence artificielle peut aussi apporter des bénéfices tangibles aux artisans, par exemple en les libérant de tâches administratives chronophages.
Paysagistes, couvreurs ou experts anti-nuisibles… Alors que leur savoir-faire est précieux et qu’ils sont confrontés au manque de main d’œuvre, comme dans de multiples secteurs, qui les sollicite sans relâche, au point de parfois se mettre en danger. Un chiffre qui le prouve ? 75% des accidents des couvreurs surviennent lors des audits de toiture réalisées à la fin de leur journée. Pourtant, en dépit de leurs compétences et de leur investissement, ces artisans peinent à développer leur activité. En cause ? Le poids du suivi des clients et des tâches administratives. Hors du cœur de métier des travailleurs indépendants, elles sont extrêmement chronophages. Elles rognent ainsi le temps à consacrer à la fidélisation des clients et à la prospection, au repos, souvent essentiel dans ces métiers à maintenir le bon niveau de vigilance et de sécurité… ou tout simplement à la vie privée.
La startup B.Partners développe et commercialise une solution de gestion d’entreprise de bout en bout. Intelligence artificielle intégrée dans un outil tout-en-un, elle permet aux artisans de :
création de BPartners
d’augmentation moyenne du chiffre d’affaires des artisans clients de la solution depuis septembre 2023
entre le début du développement et la commercialisation
Respectivement docteurs en mathématiques appliquées et en informatique, Sofiane Madani et Lou Maurica – les cofondateurs de B.Partners –, mettent depuis toujours leurs compétences au service des artisans de leur proche entourage. Dispenser des conseils pour obtenir des aides, ou informatiser les tâches de gestion financière et administrative… À force de chercher à déplafonner la croissance des artisans, l’idée germe de développer le premier outil 360°, ultra simplifié, qui leur permettrait de trouver des relais de croissance en un clic, sans effort. Afin que la solution réponde en tout point aux attentes des professionnels, les jeunes entrepreneurs commencent par les écouter. À l’issue des 300 entretiens, un constat s’impose : chaque artisan est unique et son savoir-faire obéit à un raisonnement métier spécifique.
Soit un ensemble de règles complexes qui doivent impérativement être modélisées pour que l’assistant intelligent en cours de développement tienne ses promesses. « Mais nous ne savions pas comment les structurer, ce qui constituait un véritable verrou scientifique et technique » se souvient Sofiane Madani. Expert en IA symbolique, Lou Maurica a trouvé la solution dans l’outil ExpressIF® du CEA-List où il fut doctorant puis post-doctorant en sécurité des logiciels. Cette intelligence artificielle symbolique est en mesure de simuler le raisonnement humain et de livrer des décisions explicables à partir de données imprécises, notamment spatio-temporelles.
Après une première rencontre, l’équipe ExpressIF® du CEA-List modélise rapidement les interviews d’artisans réalisées en langage naturel par B.Partners, les transforme en règles pour les intégrer à sa plateforme.
ExpressIF® a été un incroyable accélérateur pour B. Partners : il nous a permis de commercialiser une solution opérationnelle au bout de quatre mois. Un délai exceptionnellement rapide pour la Deeptech !
De son côté, B.Partners développe l’interface qui permet aux artisans d’interroger ExpressIF® sur les meilleures opportunités pour développer leur business. Consultable depuis tout type d’appareil – ordinateur, tablettes, téléphone – et requérant une alphabétisation minimale, l’assistant intelligent est accessible pour un coût extrêmement modique. À partir de données temporelles ou spatiales – par exemple, grâce à l’image aérienne d’une zone sinistrée par un événement météorologique – il permet aux artisans couvreurs de détecter les toits endommagés et de prioriser les interventions. Il sait aussi rationaliser les affectations clients et les déplacements entre chaque intervention. Quant au modèle économique du service, il repose sur un coût d’accès très symbolique : la rémunération de B.Partners est indexée sur son efficacité.
ExpressIF® est aujourd’hui un outil sur étagère doté de nombreuses capacités, comme l’analyse des séries temporelles, l’exploitation des données spatiales, le raisonnement à partir d’informations imprécises ou incomplètes tout en justifiant ses conclusions. Il est aussi extensible : ses capacités peuvent évoluer pour répondre à de nouveaux besoins.
Pour B.Partners, le CEA-List a ainsi réussi à modéliser très rapidement des processus qui peuvent paraître évidents pour un esprit humain, mais qui ne sont pas si simples pour une intelligence artificielle.
En fonction des besoins des industriels avec lesquels nous collaborons, nous pouvons effectuer de nouveaux développements. Nous avons par exemple travaillé sur la sécurisation d’espaces destinés à accueillir du public, sur le suivi et la rationalisation de processus de production de produits finis à partir de matières premières… Ou encore sur de la gestion de crise en temps réel. C’est tout l’intérêt de notre technologie générique !
Depuis le lancement de son activité, le chiffre d’affaires de la start-up a ainsi augmenté de 20 %, reflétant la croissance moyenne de ses clients. Et B.Partners poursuit sa collaboration avec le CEA-List, avec en perspective l’intégration d’ExpressIF® à sa solution et l’automatisation de l’acquisition des connaissances. Une étape essentielle pour que la start-up, qui n’adresse pour le moment que huit des 250 métiers de l’artisanat, puisse étendre le périmètre de son marché. Autre besoin identifié : prévenir les risques d’incendies de forêt. Plusieurs collectivités souhaitent ainsi tester l’outil de B.Partners pour identifier les zones à débroussailler prioritairement.
